Judy : la libraire inspirante

#11 - Interview Judy
Temps de lecture : 13 minutes

Poursuivons nos interviews et accueillons Judy, jeune libraire pleine d’entrain. Elle a rejoint notre Club : Investir au Féminin peu après sa création. Découvrez son parcours très inspirant, raconté avec un petit accent du sud !

COMELS : Quand et où es-tu née ?

Je suis née à Monaco en 1993.

COMELS : Où investis-tu ?

J’investis à Marseille.

COMELS : Investissement locatif ou achat/revente ?

Plutôt locatif.

COMELS : Quel est ton objectif dans la vie ?

Mon objectif, ce serait de pouvoir être libre financièrement et profiter de ma famille au maximum.

COMELS : Que représente l’immobilier pour toi ?

Je pense que l’immobilier, c’est essentiellement un bon tremplin pour réaliser mes rêves.

COMELS : Investir au féminin, ça change quelque chose selon toi ? 

Je dirais oui et non. En tous les cas, il ne faut pas que ça serve d’excuse pour ne pas le faire.

COMELS : Un mot pour le fun ?

Il y a deux petites choses : d’abord, le cash-flow, j’en parle tout le temps, c’est un peu le truc que je veux absolument planifier à l’avance. Et sinon, j’ai l’habitude et cela fait rire mon entourage, quand je vais en visite, je veux toujours tout “péter”, les murs, la cuisine, etc. Je dis toujours “ça, on va péter, ça, on va péter”.

COMELS : Quelles sont tes différentes activités ?

Je suis libraire à plein temps. C’est le métier que j’ai choisi, j’ai fait des études pour ça. Et, en plus, depuis un an et demi, je développe une activité d’auto-entrepreneur dans le milieu de l’édition, donc dans un milieu qui reste dans le livre. Et j’ai dans l’idée de quitter cet emploi de libraire dans quelques mois/années, on verra bien.

COMELS : Pourquoi investis-tu dans l’immobilier ?

Il y a eu plusieurs phases dans mes choix. La première chose, c’est que j’ai été diplômée en 2016, j’ai commencé à travailler, j’étais hyper contente, mais au bout de quelques mois, je suis tombée de haut. Je me suis dit « Waouh, mais c’est ça, en fait, ma vie. Ça va être d’attendre le week-end pour profiter, d’attendre mon salaire à la fin du mois, et tout ça, pendant 40 ans. » Là, je me suis dit qu’il allait falloir que je trouve peut-être quelque chose.  J’ai commencé à chercher des sources de revenus alternatives à mon salaire. J’ai fait un peu n’importe quoi, j’ai répondu à des sondages sur internet, j’ai loué mon appart’ quand je n’étais pas là, voilà, tout et n’importe quoi. Et c’est un peu par ce biais-là finalement que j’en suis venue à me renseigner sur l’immobilier. À ce moment-là, ça m’a paru plus accessible que les cryptos ou la bourse. Donc je me suis dit pourquoi pas. Une fois dedans, j’ai regardé beaucoup de vidéos, je me suis beaucoup formée, etc., et c’est comme ça que j’ai investi dans mon premier appartement.

COMELS : Comment as-tu ciblé le ou les secteurs où tu as investi ?

J’investis uniquement à Marseille pour le moment, pour plusieurs raisons. La première, c’est que c’est rassurant pour moi parce que c’est une ville que je connais. C’est une ville qui n’est pas facile, parce que, d’une rue à l’autre, ça change très très vite. Elle a aussi un gros potentiel parce qu’on est en zone tendue, donc on a beaucoup de demandes en location, il y a aussi un gros potentiel pour les étudiants parce qu’il y a pas mal de campus et de facs. Et c’est très attractif pour les touristes aussi, si je veux faire de la courte durée.

Donc tout ça fait que je trouve que c’est une ville intéressante.

Et la troisième chose, c’est que, comme je travaille énormément, je manque un petit peu de temps et j’avais besoin que les logements que je loue soient proches de chez moi, puisque je ne délègue rien. Il fallait que je puisse y aller pour une visite ou s’il y avait un pépin, etc. Je voulais que ce soit proche de chez moi et, comme je vis à Marseille, c’est ce qui m’a paru le plus logique.

COMELS : Selon toi, est-il plus difficile d’investir quand on est une femme ?

Comme je le disais tout à l’heure, oui et non. Je pense que c’est un petit peu plus difficile de faire les démarches au départ, parce qu’on a parfois, face à nous, des gens qui ne vont pas nécessairement comprendre ou pas être tout à fait rassurés. Je pense surtout aux agents immobiliers, aux entrepreneurs pour les travaux, aussi, qui ne comprennent pas toujours que c’est moi le boss, que personne ne va venir confirmer ce que je dis. Donc, ça, parfois, c’est un peu compliqué et je sais que ça a pu me faire peur et parfois encore ça me demande du temps, de la réflexion, pour aller chercher les bonnes informations, etc. Et quand il y a un problème aussi, ça me demande de beaucoup prendre sur moi. 

Et, en même temps, j’ai quand même la sensation que c’est quelque chose qui est dans le psychisme, dans l’environnement. Je veux dire que ce n’est pas quelque chose qui est uniquement factuel. On nous donne l’impression que c’est plus difficile et, nous aussi, on se complaît un peu dans cette idée-là.

Et c’est vrai qu’en grandissant, l’idée de la liberté, pour une femme, celle que mes parents ont pu m’inculquer, c’était de pouvoir faire des études, choisir un métier qui me plaisait et j’allais être libre de faire ce métier, et j’étais d’accord avec ça. Je l’ai fait et, en avançant, je me suis rendue compte qu’on pouvait peut-être aller encore plus loin. 

Et c’est vrai que ce n’est pas facile à comprendre pour les autres, ça peut freiner. Mais, en fait, on est tout autant capables que les hommes, que les autres d’une manière générale.

Donc j’ai tendance à me dire que le fait d’être une femme peut créer des obstacles, mais il ne faut plus que ça nous serve d’excuse parce qu’aujourd’hui on peut le faire, on a toutes les armes pour le faire. 

COMELS : Peux-tu nous dire quelle est ta situation familiale et si tu investis seule ou en couple ?

Je suis en couple, je n’ai pas d’enfant, on vit tous les deux à Marseille. On a trois biens immobiliers en tout. Le premier, je l’ai acheté toute seule de mon côté, le second, c’est lui qui a aussi fait cet achat tout seul. On a fait les recherches ensemble, etc., mais c’est lui qui achète seul. Et le troisième bien immobilier qu’on vient d’acheter, on l’a acheté tous les deux. Et on a comme projet d’en faire une colocation dans les mois qui viennent. 

COMELS/ Corinne : Ce qui veut dire que la Masterclass sur la colocation tombait à point, pour toi ?

Ça tombait à point, vraiment, parce qu’on se posait pas mal de questions. On va entamer les travaux, on n’a pas encore commencé. On a contacté les entrepreneurs pour commencer à faire des devis, etc. C’est vrai qu’il y a beaucoup de travaux à faire pour le réagencement des pièces, c’est pour ça que j’ai posé beaucoup de questions là-dessus, parce que c’était notre sujet du moment. Et, effectivement, ça tombait à pic parce que, là, on va vraiment se lancer dans les travaux et, après, dans la location, dans l’année.

Donc merci pour cette Masterclass à ce moment-là.

COMELS : Quel a été ton premier investissement ? Comment as-tu commencé ?

J’ai mis beaucoup de temps pour mon premier achat. Entre le moment où je me suis décidée à acheter un appartement et le moment où je l’ai acheté, je pense qu’il s’est bien passé neuf mois, ou quelque chose comme ça, le temps de faire mes recherches et d’accepter le fait que j’allais acheter un appartement.

J’ai acheté un appartement plutôt rassurant, encore une fois. C’était un appartement de 40m², un T2, que j’ai exploité en location classique, dans un premier temps. C’était pour jouer la sécurité, c’est quelque chose qui me paraissait faisable. En revanche, j’ai quand même acheté un bien qui nécessitait énormément de travaux. Il était en très très mauvais état, donc j’ai fait une rénovation complète qui a pris trois mois. C’était l’achat le plus stressant, car tout est nouveau, il faut apprendre. Et l’avantage de cet appartement, c’est qu’il est bien situé et que, donc, je vais pouvoir l’exploiter éventuellement en location courte durée aussi. Cette année, je ne l’ai pas fait, car le Covid m’a un peu rebutée aussi, mais quand mon locataire sera parti, l’année prochaine, je vais tenter la courte durée.

COMELS/ Mélanie : c’est une bonne idée, ça marche bien à Marseille.

Oui, à Marseille, il y a beaucoup de demandes. C’est juste à côté de la gare, dans un endroit calme, je pense qu’il y a moyen.

COMELS : Quel est le type d’investissement que tu as fait ?

Pour les 2 projets, c’est courte durée et colocation sur l’année ou les deux ans qui viennent. Et sinon, c’était uniquement de la location meublée classique, à l’année.

COMELS/ Mélanie : Qu’est-ce que tu détestes dans l’immobilier ?

Alors, j’ai dû sélectionner un peu, parce qu’il y a quand même deux, trois petites choses… Heureusement, il y a plus de choses que j’aime que de choses que je déteste.

Principalement, ce que je n’aime pas, c’est devoir rendre des comptes à un banquier, à une copro, à des gens qui n’ont pas forcément confiance dans un projet qui est pourtant viable, parce que soit ils ne connaissent pas, soit ils ne l’ont jamais fait. Donc c’est quelque chose qui me dérange un peu, de toujours devoir me justifier.

Et puis, comme beaucoup de monde je crois, la paperasse ! Ce n’est pas quelque chose de très agréable à faire.

COMELS/ Corinne : Qu’est-ce que tu aimes dans l’immobilier ?

J’aime beaucoup les travaux, surtout les avant-après. Je me projette très facilement aussi pendant des visites, donc j’aime beaucoup imaginer tout ce qu’on peut faire d’un bien, donc c’est quelque chose qui me plaît beaucoup.

Et puis, je vais me répéter, mais le cash-flow !

Quand tout va bien, que je n’entends pas parler de mon locataire et qu’au seul moment où j’en entends parler, c’est là où mon loyer tombe, c’est formidable

COMELS : Quels sont tes mentors ?

Pas vraiment. Je pense que le mot mentor est un peu fort pour moi. En fait, je suis sur beaucoup de forums, beaucoup de groupes Facebook, je regarde énormément de vidéos sur Youtube, par exemple. J’ingurgite énormément d’informations qui viennent d’un peu partout. Mais j’ai du mal à suivre assidûment quelqu’un ou à vraiment m’y identifier. 

Par contre, j’ai suivi pendant un petit moment Florent Fouque. Grâce à vous, j’ai aussi découvert Allison, que vous avez interviewée en vidéo et j’ai commencé à la suivre aussi et je m’intéresse vachement à ce qu’elle fait, donc même si on ne peut pas parler de mentor, il y a quelque chose de cet ordre-là.

Et après, malgré le fait d’être libraire, je ne lis pas énormément de livres de développement personnel. J’en ai quand même quelques-uns comme le classique Père riche, Père pauvre. Tout le monde doit l’avoir, j’imagine. J’avais acheté aussi Adieu patron de Romain Caillet qui est aussi hyper intéressant. Mais voilà, ce ne sont pas vraiment des mentors, mais plus des gens que je suis de manière ponctuelle.

COMELS : L’immobilier n’est pas de tout repos : une anecdote ?

Il y en a une qui est vraiment très parlante. Le premier appartement que j’ai acheté, il y a déjà eu trois locataires dedans en deux ans, donc ça fait un peu de turnover. Et, la dernière fois que je l’ai loué, c’était au mois de décembre 2020, donc juste après le confinement du mois de novembre. Ce n’était pas une période très facile, déjà, pour louer. Et il se trouve que j’ai dû faire trois salves de visites pour le louer. J’ai fait une première salve de visites avec deux personnes, une qui n’est pas venue et l’autre qui ne faisait pas du tout l’affaire au niveau du projet de location. La deuxième fois, j’ai trouvé quelqu’un qui n’est jamais venu signer son bail. Je n’ai plus jamais eu de nouvelles de sa part, il a disparu, le jour de la signature du bail. Et donc, j’ai dû faire de nouvelles visites, et là j’ai trouvé la locataire actuelle, donc c’était du travail !

COMELS/Mélanie : Oui, c’est toujours du travail, tout ça. Après, tu verras que l’avantage de la colocation, notamment pour la partie visites, c’est de déléguer éventuellement cette partie à tes colocataires sur place.

Oui, c’est vrai.

COMELS : Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut se lancer ?

C’est pas facile de donner des conseils quand on a soi-même l’impression d’être encore au début. Et, en même temps, ce que j’aimerais dire à quelqu’un qui serait dans la même situation que moi, il y a deux ans, c’est qu’il faut savoir qui on est, ce qu’on veut et pourquoi on le fait. Je pense que si on n’a pas de but, pas d’objectif, pas de vision sur la vie qu’on veut mener, on se laisse prendre par le quotidien et, au final, on ne fait jamais rien, vraiment, d’important. Donc savoir où on veut aller, je pense que c’est important.

Et puis, je me répète un peu, mais Girl Power ! Vous êtes beaucoup plus que ce que vous pensez, et vous pouvez avoir beaucoup plus et être beaucoup plus que ce que vous pensez.

COMELS/Mélanie : Judy, tu fais partie de nos premiers membres…

Pourquoi avoir rejoint le Club : Investir au Féminin ?

Cela faisait un petit moment que je te suivais, surtout toi, Mélanie. J’ai découvert le compte de Corinne un petit peu plus tard. Donc, effectivement, ton expérience m’intéressait au niveau de l’immobilier, et tu es un petit peu multitâches, tu fais beaucoup de choses qui m’intéressent, notamment côté entreprenariat aussi et tout, donc c’est un profil que je suivais. Et, quand vous avez lancé l’idée du Club, je me suis dit que c’était l’occasion ou jamais de discuter avec des gens qui sont dans la même situation que moi et donc qui vont pouvoir à la fois répondre à mes interrogations et, en même temps, être un soutien dans les moments un peu plus difficiles.

Le fait que ce soit un club au féminin, ça m’intéressait aussi justement pour le fait qu’on puisse se dire les choses de manière différente. Je pense qu’on ne dit pas la même chose quand on le dit à un homme ou à une femme. Les problématiques ne sont pas les mêmes non plus, notamment dans l’immobilier.

Et donc je suis très contente de faire partie de ce Club. Les filles sont hyper motivées. On n’est pas beaucoup, mais qu’est-ce qu’on est à fond !

COMELS/Mélanie : Oui, c’est exactement ça, c’est le petit groupe d’irrésistibles Gaulois…

COMELS/Corinne : Gauloises !.. Je préfère Amazones ! Irréductibles Amazones !

COMELS/Mélanie-Corinne : Judy, merci pour ce que tu nous as partagé, c’est top !

Merci à vous de m’avoir donné la possibilité de le faire.

C’était à la fois un bon exercice, une super expérience, et je suis sûre qu’on aurait plein d’autres choses à se raconter ! 

COMELS/Mélanie : À très vite pour le prochain challenge !